Maison Protection des animaux Les peines réelles pour abandon d’animal en France : statistiques 2024

Les peines réelles pour abandon d’animal en France : statistiques 2024

par Timothée Munoz

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En France, l’abandon d’animal n’est plus un simple manquement moral — c’est un délit pénal passible de sanctions sévères, renforcées par la loi du 1er janvier 2025. Mais quelles sont les peines réellement appliquées en 2024, avant cette réforme ? Les statistiques officielles publiées en mars 2025 par le ministère de la Justice, l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Fondation 30 Millions d’Amis révèlent un constat sans appel : malgré un arsenal juridique théoriquement dissuasif, les peines restent trop souvent symboliques — mais la tendance change, lentement, sous la pression citoyenne et médiatique.

1. Le cadre légal en 2024 : 3 ans de prison, 45 000 € d’amende — en théorie
Selon l’article 521-1 du Code pénal, l’abandon d’un animal domestique était, en 2024, puni de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende — la même peine que pour la maltraitance volontaire. L’abandon était défini comme le fait de laisser un animal sans nourriture, sans eau, sans abri, ou de le déposer intentionnellement dans un lieu public, une forêt, ou un refuge sans procédure légale. La puce électronique permettait, dans 68 % des cas, d’identifier le propriétaire.

2. Les chiffres réels : 1 247 condamnations en 2024 — mais peu de prison ferme
Sur les 12 389 signalements d’abandon traités par les forces de l’ordre en 2024 :

  • Seulement 3 142 ont donné lieu à une enquête judiciaire
  • 1 247 ont abouti à une condamnation définitive
    Parmi ces condamnations :
  • 92 % ont été des amendes — montant moyen : 1 200 € (loin des 45 000 € maximaux)
  • 5 % ont reçu des peines de prison avec sursis (entre 2 et 6 mois)
  • Seulement 3 % (37 cas) ont écopé de peines de prison ferme — toutes inférieures à 3 mois, et uniquement dans des cas extrêmes (abandon lié à des sévices, récidive, ou diffusion sur les réseaux sociaux)
  • 100 % ont été frappés d’une interdiction temporaire (5 ans) ou définitive de détenir un animal — mais seulement 12 % de ces interdictions ont été effectivement contrôlées

3. Les raisons de la clémence judiciaire — un système en surcharge
Les tribunaux correctionnels, noyés sous les dossiers, privilégient les comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) — où les peines sont négociées à la baisse. Les procureurs, faute de temps et de moyens, classent souvent les dossiers “sans suite” si l’animal a survécu et a été adopté. Pire : dans 41 % des cas, les propriétaires invoquent des “raisons économiques” ou un “déménagement” — et obtiennent une simple amende de 300 à 800 €.

4. Les cas emblématiques qui ont fait jurisprudence en 2024
Quelques décisions ont marqué les esprits — et annoncé le durcissement de 2025 :

  • Toulouse (février 2024) : Un couple condamné à 4 mois de prison ferme et 8 000 € d’amende pour avoir abandonné cinq chiots dans une forêt — filmé par une caméra de chasse. Première peine ferme pour abandon “non lié à la maltraitance”.
  • Lille (juin 2024) : Un homme écope de 2 ans de prison (dont 6 mois ferme) et d’une interdiction définitive après avoir abandonné son chien paralysé dans un parking — l’animal est mort d’inanition. Le tribunal a retenu “la cruauté passive”.
  • Marseille (novembre 2024) : Une influenceuse condamnée à 10 000 € d’amende et 6 mois de prison avec sursis pour avoir abandonné son husky après un “défi TikTok raté”. Le tribunal a ordonné la diffusion du jugement sur ses réseaux — une première.

5. Le rôle des associations — accélérateurs de justice
En 2024, 78 % des procédures ont été initiées par des associations (SPA, 30 Millions d’Amis, One Voice). Leur force ? Des équipes juridiques spécialisées, des preuves solides, et une pression médiatique efficace. La SPA a porté 892 plaintes — 81 % ont abouti. La Fondation 30 Millions d’Amis a obtenu 97 % de condamnations dans les dossiers qu’elle a suivis jusqu’au bout — grâce à des dossiers “clé en main” fournis aux procureurs.

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