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Les oiseaux migrateurs menacés par le changement climatique

par Timothée Munoz

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Les oiseaux migrateurs, ces voyageurs du ciel qui relient les continents chaque année, sont aujourd’hui en première ligne face au changement climatique. En France, où plus de 250 espèces — du martinet noir au vanneau huppé, en passant par la cigogne blanche et le faucon crécerelle — dépendent des cycles saisonniers pour se reproduire, se nourrir et survivre, les signaux d’alarme s’accumulent. En 2025, les données du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) révèlent un déclin accéléré : certaines populations ont chuté de 40 % en dix ans. Le réchauffement, les sécheresses, les dérèglements météo et la perte d’habitats transforment un périple millénaire en course contre la mort.

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Le premier impact : le décalage phénologique. Les oiseaux migrent selon des signaux ancestraux — durée du jour, température moyenne, disponibilité alimentaire. Mais le printemps arrive désormais plus tôt en Europe : en 2024, la température moyenne en France a été supérieure de 1,8 °C à la normale. Résultat ? Les hirondelles, arrivées en avril comme d’habitude, trouvent des insectes encore absents — leurs petits meurent de faim. Les études LPO montrent que 60 % des couples d’hirondelles des villes n’ont pas réussi à élever leur couvée en 2024, faute de nourriture synchronisée.

Deuxième menace : la sécheresse des zones d’hivernage. En Afrique de l’Ouest, où hivernent les grues cendrées, les fauvettes à tête noire ou les bergeronnettes, les pluies se raréfient. Le Sahel, jadis riche en insectes et en graines, devient un désert alimentaire. Les oiseaux partent affaiblis, et beaucoup n’atteignent jamais l’Europe. Le suivi par balises GPS révèle que 35 % des individus meurent en cours de route — contre 15 % il y a vingt ans.

Troisième danger : les événements climatiques extrêmes. En 2023, une tempête tardive en Méditerranée a tué des dizaines de milliers de martinets noirs en migration — leurs corps ont été retrouvés sur les plages du Languedoc. En 2024, une vague de chaleur en mai (42 °C dans le sud de la France) a provoqué la mort par déshydratation de milliers de jeunes oisillons dans les nids exposés. Les oiseaux ne peuvent pas s’adapter aussi vite que le climat change.

Quatrième facteur : la perte des habitats de repos. Les zones humides, indispensables pour se reposer et se nourrir pendant la migration, disparaissent sous les bétonnières ou s’assèchent. En Camargue, en Brenne ou dans la baie de l’Aiguillon, les surfaces d’accueil ont diminué de 30 % en quinze ans. Le vanneau huppé, classé “vulnérable” en France depuis 2023, ne trouve plus assez de prairies humides pour nicher — sa population a chuté de 70 % depuis 2000.

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