En 2025, la France, berceau d’une diversité bovine exceptionnelle, voit disparaître à vue d’œil ses races locales de vaches — victimes de la standardisation agricole, de la course au rendement et de l’abandon des territoires ruraux. Sur les 70 races bovines historiquement présentes sur le territoire, près de 30 sont aujourd’hui menacées d’extinction, certaines ne comptant plus que quelques dizaines, voire quelques individus. Leur perte n’est pas qu’un drame patrimonial — c’est une catastrophe écologique, génétique et culturelle. Voici les races les plus en danger, pourquoi elles comptent, et ce qui se fait — ou devrait se faire — pour les sauver.
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1. La Villard-de-Lans — l’emblème oublié des Alpes
Originaire du Vercors, cette vache à robe froment et museau clair, réputée pour sa rusticité et son lait riche en matière grasse (idéal pour la production de bleu du Vercors-Sassenage AOP), ne compte plus que 180 femelles reproductrices en 2025. Malgré son inscription au patrimoine agricole national depuis 2010, elle peine à survivre face à la Prim’Holstein, plus productive. Le Conservatoire des Races d’Auvergne-Rhône-Alpes lance en 2025 un plan d’urgence : subventions pour les éleveurs, campagne de valorisation fromagère, et création d’une “route du Villard” touristique.
2. La Maraîchine — reine des marais, en sursis
Dans les marais poitevins, cette vache rousse, robuste et adaptée aux sols humides, a failli disparaître dans les années 1980. Sauvée de justesse par une poignée d’éleveurs passionnés, elle ne compte encore que 3 000 têtes en 2025 — un chiffre fragile. Son lait, peu abondant mais de qualité, et sa viande persillée sont méconnus. Pourtant, elle joue un rôle écologique majeur : son pâturage entretient les zones humides, refuge pour les oiseaux migrateurs. Le Parc naturel régional du Marais poitevin finance désormais des primes à la naissance de veaux Maraîchins — 200 € par tête.
3. La Mirandaise — la gasconne oubliée
Race à viande originaire du Gers et des Hautes-Pyrénées, la Mirandaise, avec sa robe blanche et ses muqueuses noires, était jadis la base du “bœuf de Mirande”, réputé jusqu’à Paris au XIXe siècle. Aujourd’hui, moins de 400 vaches reproductrices subsistent. Sa viande, persillée et goûteuse, est pourtant plébiscitée par les chefs étoilés locaux. En 2025, un consortium de restaurateurs du Sud-Ouest lance “Save Mirandaise”, une campagne de crowdfunding pour financer l’insémination artificielle et la création d’une marque collective “Viande Mirandaise Garantie”.
4. La Nantaise — la discrète de Loire-Atlantique
Presque totalement éteinte dans les années 1960, redécouverte dans les années 1990 grâce à quelques vaches cachées dans des fermes familiales, la Nantaise ne compte que 120 individus en 2025. Rustique, adaptée aux bocages humides, elle produit un lait riche idéal pour les fromages fermiers. L’association “Sauvegarde de la Race Nantaise” propose désormais aux particuliers d’“adopter symboliquement” une vache — 50 €/an — pour financer son entretien et sa reproduction. Une initiative citoyenne qui fait école.